La crise financière par Mme Marie-Noëlle Lienemann

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  La crise financière, deuxième partie. Suite et fin :
Pour le lecteur, comme pour l’auteur de blog, vous trouverez ci-joint la bibliographie incomplète peut-être de Mme Marie-Noëlle LIENEMANN.

Marie-Noëlle Lienemann est une femme politique du Parti socialiste née le 12 juillet 1951 à Belfort. Elle a été élue député européenne en juin 2004. Normalienne de Cachan (promotion 1972, section chimie), c'est une spécialiste des questions environnementales et de logement. Elle est élue sur la liste de rassemblement de la gauche aux élections municipales de 2008 àHénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
 
Elle adhère au Parti socialiste en 1971, où elle est proche du CERES, (Fondé par Jean-Pièrre CHEVENEMENT) et devient en 1973, secrétaire nationale des Étudiants socialistes.  
Elle redevient députée européenne en 1997, puis intègre le gouvernement de Lionel Jospin dans sa dernière année. En tant que Secrétaire d'état au logement de mars 2001 à avril 2002,  
En 2004, elle est réélue député européen pour la circonscription nord. Elle est aussi depuis cette date, vice-président de la région Nord-Pas-de-Calais, chargée de la formation professionnelle. 
Elle est signatrice fondatrice de "Gauche Avenir" avec Paul Quilès, Jean-Pierre Chevènement, Benoit Hamon, Florence Parly. 

Mandats européens :
député européen de 1984 à 1988
à la faveur d'une démission, elle retrouve un siège de député européen en 1997
élue député européen en 1999, puis élue vice-présidente du Parlement européen, elle quitte sa fonction en 2001 pour rejoindre le gouvernement de t de Lionel Jospin 
Lionel Jospin
réélue député européen en juin 2004.
Mandats nationaux :
Députée de l'Essonne du 12 juin 1988 au 1er avril 19931
Ministre délégué au logement d’avril 1992 à avril 1993 dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy
Secrétaire d'État au logement de mars 2001 à avril 2002 dans le gouvernement de Lionel Jospin

Suite de l'article :
Marie-Noëlle LIENEMANN : « Les crises sont encore devant nous et c’est bien le néolibéralisme qui doit être remis en cause ! »

Quelques leçons simples doivent être tirées : Rendre tout le monde propriétaire est une absurdité .
 Si on veut répondre à la diversité des besoins et des situations , il faut un équilibre entre le locatif et l’accession , second point il est indispensable de maintenir le coût du logement en locatif comme en accession à un prix abordable et le marché ne peut le garantir d’où l’importance d’un parc public, social qui joue un rôle majeur de régulateur des prix et par ailleurs des politiques fiscales et de l’Etat qui empêchent  les spéculations et les dérives abusives des prix de l’immobilier et du foncier.



Troisième point, le crédit doit être correctement encadré et sécurisé par des opérateurs publics.

Il ne s’agit pas de devenir malthusien dans l’octroi du crédit mais de veiller à sa juste adaptation aux capacités des emprunteurs et à l’intérêt général. On voit ainsi que la création de fonds de garantie publics permettent ainsi d’élargir l’accès à des prêts pour des familles modestes qui d’ailleurs sont rarement en surendettement par l’immobilier. Là, se trouve aussi poser la politique des taux. Fort heureusement a France a historiquement privilégié l’octroi de prêts à taux «  fixes » dans l’immobilier, même si depuis quelques années les banques ont d’une part poussé  les acquéreurs à l’allongement de leur endettement et introduit une part croissante à taux variables. Mais le niveau des taux est un enjeu politique et économique majeur.

Or les Etats européens ont au détour de l’acte unique européen puis du pacte de stabilité définitivement gravé dans le marbre lors du traité d’Amsterdam ont abandonné le pouvoir d’agir, seuls ou ensemble  sur les taux (cf indépendance de la banque centrale) mais aussi d’agir concrètement sur le crédit devenu tributaire du grand marché mondial et libéré des capitaux.
 
Il est clair que la crise révèle l’urgence de restaurer des capacités d’intervention publique sur la monnaie, les taux d’intérêt, les prix et le crédit.

L’Europe doit tirer les leçons de cette crise et modifier sa politique monétaire, économique et ses institutions libérales. C’est là une leçon essentielle que peu ont aujourd’hui le courage de tirer. 

Enfin, on voit bien que ce déraillement dangereux du système est aussi favorisé par l’accroissement des inégalités et la chute de la solvabilité des ménages. Une solvabilisation artificielle a été entretenue, par l’allongement des prêts ou par un surendettement privé considérable, mais il y a nécessairement une limite à l’exercice et de fait rien ne sera possible sans une nouvelle répartition des richesses permettant à la grande majorité des citoyens de vivre normalement de son travail.


La crise des subprimes est aussi le fruit d’une politique qui depuis des années survalorise la rémunération des placements financiers et du capital par rapport au travail ! L’inversion de ce mouvement engagé depuis 25 ans ne se fera pas sans heurts et sans doute sans une remise en cause du libre échange généralisé et de la libre circulation des capitaux.


James Tobin qui n’a jamais été un homme de gauche voyait il y a désormais bien longtemps la nécessité de rendre visible et contrôlable les mouvements financiers en instaurant une taxe, très faible au demeurant. Même cette démarche a été refusée, jugée impossible à instaurer alors même qu’un grand espace comme l’union européenne si elle avait donné le la , n’aurait pas été pénalisée vu son attractivité financière et aurait porté un message de régulation évitant au monde bien des égarements en même temps qu’une certaine vision de l’avenir… Mais l’aveuglement libéral s’est imposé avec la complicité parfois même des sociaux démocrates !
Car enfin il faut bien rappeler que voilà des lustres que les USA vivent à crédit sur le dos de la planète toute entière, aspire des flux financiers considérables avec la domination de leur monnaie et leur politique de taux d’intérêt et qu’à force d’accepter et de suivre leur logique nous avons conforté leur domination et notre dépendance.

 On nous dit souvent que la France est plombée par un déficit public et un endettement public important. A l’évidence, il faut s’attaquer à ces problèmes récurrents mais regardons avec plus d’objectivité notre situation: Si l’endettement public est fort, l’endettement privé est faible, ce qui n’est absolument pas le cas dans la plupart des autres pays notamment aux USA , ainsi notre endettement global est plutôt limité et du point de vue macro économique , c’est cela qui compte. 

Ce constat ne vise pas à sous estimer la nécessité de choix économiques, notamment fiscaux visant à réduire les déficits, mais à tordre le cou à la thèse selon laquelle, il n’y a aucune possibilité de relancer la croissance en France.  
Je crois le contraire. Pourquoi ne pas lancer de grands emprunts, garantis par l’Etat pour des investissements prometteurs d’avenir, pourquoi ne pas accroitre des prélèvements pour constituer des fonds souverains français soutenant notre industrie ;
Par des prises de capital public dont les dividendes abonderaient à terme, le fond de réserve des retraites.... 

A vrai dire, un new deal est nécessaire ici comme ailleurs, il doit reposer sur une hausse des salaires, une réforme des prélèvements qui doivent moins taxer le travail ; elle doit restaurer un impôt sur le revenu digne de ce nom et sa progressivité mais aussi ponctionner davantage les mouvements et revenus du capital. Ces marges de manœuvre nouvelles doivent être mises au service du soutien aux investissements. Elles seront d’autant plus efficaces que nous oseront réinstaurer des protections ciblées dans nos échanges !

Rien ne serait pire que de sous évaluer l’ampleur de la crise et son aspect structurel, rien ne serait pire que d’attendre que le mauvais temps passe en croyant que tout repartira comme avant
Rien ne serait pire que de céder au fatalisme, derrière des arguments du genre : si l’Europe ne fait pas, on ne peut agir seul, s’il n’y a pas une réforme de la gouvernance mondiale, on est bloqué.

"Il faut œuvrer à une nouvelle donne mondiale, à un changement de cap en Europe mais on doit agir ici et maintenant."
Marie-Noëlle LIENEMAN

Publié dans ECONOMIE

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